En
regardant le port
Comme
cela me dérange
Chaque
fois que je regarde les lumières du port
Ce
sont les lumières de nos limites
Qui
nous rappellent que personne ne peut vivre sans nom
Ni
sans loyauté à un pays.
Mais
personne ne peut choisir son propre nom
Ou le pays où l’on va naître.
Le
monde est un centre commercial
Shakespeare
a dit un jour
Que
le monde est une scène
Les
hommes ne sont que des acteurs
Se
partageant de nombreux rôles.
Dans
les mains de Beckett
Les
comédiens deviennent des esclaves
Emprisonnés
sur l’estrade
Dans
une scène sur l’attente
Dans
une pièce sans fin.
Que
se passe-t-il si aujourd‘hui nous disons
Que
le monde est un grand marché
Nous
sommes sans exception des commerçants ou des acheteurs
Prononçant
le dialogue des transactions commerciales.
C’est
un centre commercial pour tout le monde
Ainsi
qu’un hall d’exposition
Avec
des promoteurs sournois
S’emparant
de ceux dont la conscience sociale
Est à
la recherche
Pour
l’acquérir, d’un statut.
Qu’il
s’agisse d’une pièce de Shakespeare
D’acteurs
aux nombreux rôles
Et
aux nombreux visages
Ou
dans la pièce de Beckett
De
comédiens pris au piège dans une salle d’attente
Nous
ne différons pas d’eux
Nous
sommes des acteurs dirigés par le matérialisme.
Le
message de la Princesse du Mont Ledang au Sultan Mahmoud
Tun
Mamat
Fait
part du message suivant au sultan
Qu’il
fournisse ceci pour ma dot
S’il
souhaite m’épouser.
Qu’il
me construise un pont en or et un autre en argent
Qu’il
m’apporte sept plateaux de coeurs de moustiques et de germes
Des
coupes pleines de larmes et de jus de jeunes noix de bétel
Et du
roi et du prince un bol de leur sang chacun.
Franchement
Je
savais dès le départ
Qu’il
était prêt à construire ce pont de misère
À
laisser le peuple porter les plateaux de l’agonie
Et
supporter le fardeau des lourdes coupes de larmes
À
brûler leur vie avec la flamme de son désir charnel
À
condition qu’il pût échapper à l’incendie.
Tun
Mamat,
Ces
conditions ne montrent que mon refus
Je
refuse d’être sa reine
Voyant
ma vie comme un trouble reflet
Je ne
suis pas Tun Fatimah
Capable
de pardonner la cruauté
Je ne
suis pas Tun Kudu
Que
l’on put forcer de consentir
Hang
Li Po suffit
Enveloppée
comme un présent, un héritage
Ou
Tun Teja qui trébucha et tomba
L’amant
qu’elle suivit n’étant qu’une ombre.
Laissons
le Mont Ledang se dresser fièrement, comme un rappel à
tous
D’une
fleur qui survécut et resta libre
Ayant
échappé au caprice royal
Même
une femme peut choisir de ne pas être d’accord
Même
un roi doit à son tour
Admettre
qu’il est battu.
Note:
le Sultan Mahmoud, le dernier empereur de Malacca, tomba amoureux de la
princesse
du
Mont Ledang qui lui était apparue en rêve. Il envoya ses hommes sur la montagne
pour
la
demander en mariage, causant beaucoup de détresse et des morts inutiles. La
princesse fit parvenir son célèbre et éloquent message au sultan par
l’intermédiaire de Tun Mamat, le seul homme qui parvint au sommet de la
montagne.
THESE POEMS ARE PUBLISHED IN THIS BOOK EN REGARDANT LE PORT, PUBLISHED BY L HARMATTAN PARIS 2015.
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